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du patriotisme. C’était un véritable miracle qui s’accomplissait.

Le père Jacques jouissait du changement qu’opérait sur le mourant cette narration de son fils. Balthazar lui-même subissait le charme que produisaient ses paroles : sa voix vibrait de ses notes les plus sympathiques ; son discours qui n’était que la peinture de ce qu’il avait vu, que l’écho de ce qu’il avait entendu, se déroulait avec la puissance de l’action aux yeux de ses auditeurs. Cette éloquence naturelle et incisive du soldat, cette passion entraînante du patriote dévoué jusqu’à l’héroïsme, faisaient de Balthazar un orateur dans toute l’acception du mot. Aussi quand il vint à raconter la bataille de Sainte Foye où il avait gagné ses épaulettes de capitaine, Pouponne, elle-même, entraînée par l’entousiasme, lui jeta les deux bras autour du cou en disant :

— Oh ! mon Balthazar ! que je suis fière de toi !

— Après ?… mon fils, après ? s’écria le vieillard.

— Hélas ! reprit le jeune homme, ce qui me reste à dire est bien triste… On eût dit que le ciel qui avait fait