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mon compagnon de Périchon, avait décidé que nous ne serions jamais séparés : après ma promotion au rang de capitaine, il fut fait sergent dans ma compagnie et nous eûmes la chance de toujours combattre aux côtés l’un de l’autre. Et, après trois ans passés ensemble à l’armée, nous fûmes faits prisonniers en même temps et jetés sur le même ponton où nous restâmes enfermés pendant deux années.

— Grand Dieu ! s’écria Pouponne.

— Je ne vous dirai rien, reprit le jeune officier, de la cruauté avec laquelle nous fûmes traités, ni des privations qui nous furent imposées. Je vous parlerai seulement d’un incident qui eut lieu pendant notre captivité : il se trouvait parmi les prisonniers un vieil officier qui, pour passer le temps se mit dans la tête de montrer à lire et à écrire aux pauvres diables qui, comme moi, n’avaient jamais reçu d’éducation. Nos gardiens ne le contrarièrent pas, mais ne l’aidèrent en rien. C’étaient sur des morceaux de vieilles gazettes, sur des affiches, dans le livre de prières qu’il portait toujours sur lui que ce brave vieux nous