Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/158

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nouillez vous là, tous les deux, pour que je vous bénisse.

Ils obéirent, et le père Landry, les deux mains étendues sur ces deux jeunes têtes inclinées, murmura à voix basse une prière pour leur bonheur. Et, lorsque Balthazar se fut relevé :

— Fils, dit le vieillard, ya encore queuque chose qui me gigule l’âme : comment s’fait y que tu n’sois pas retourné à l’armée en sortant d’prison ? aurais-tu déserté ton poste pour t’mette à not’recherche ?

— À l’armée ! répéta Balthazar avec étonnement, mais, vous n’avez donc pas su ?…

— Su quoi ? demanda le père Landry.

— Ah ! répondit Balthazar avec hésitation, notre armée… mais elle n’existe plus.

— Comment ? aurait elle été battue ?

— Non, répondit le jeune homme en baissant la tête, elle s’est fondue partiellement devant les trois corps d’invasion des Anglais. Refoulés de tous cotés par l’ennemi, jusque dans Montréal, nos hommes s’aperçurent qu’ils étaient plus que quelques milliers