Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/214

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créature aussi vulgaire. Pourtant il reprit :

— Je vous ai bien aimée, Tit’Mine !

— Je n’dis pas non, ça s’peut mais vous savez ben, missié Placide, qu’jamais, au grand jamais, vous n’avez eu l’idée de m’prendre pour vot’ légitime

— Ne vous ai-je pas dit cent fois que je vous aimais, Tit’Mine ?

— Et p’tête ben deux cents aussi… mais quéque ça prouve ? y a des garçons qu’ont tant d’amour dans l’cœur qu’ils l’crient sus tous les toits et trouvent moyen de le sépartager entre toutes les filles qu’y voyent. C’est comme des papillons qui font politesse à une fleur et qui faisont par ensuite comparaison avec une autre. Et pis encore pour les ceux qui jacassent l’amour avec les filles, ça m’faisont l’effet d’perroquets qui parlent, parlent, sans savoir eux-mêmes le quoi qu’y disiont. Mais t’nez, missié Placide, parlons d’autes choses… — Avez-vous beaucoup d’choux dans vot’jardin ?

— Tit’Mine, reprit le jeune homme, vous vous êtes conduite indignement à mon égard. Pourquoi avez-vous envoyé la Térencine chez mon frère,