Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 5 —

appris à aimer dès leur première enfance.

Vers la fin de l’année 1762, mon aïeul, monsieur Pierre Bossier, marié depuis trois ans environ, vint s’établir sur une grande habitation qui lui avait été cédée par le gouvernement. Cette habitation ou plutôt cette indigotière, était située sur les bords du Mississippi, dans cette région de la Louisiane appelée aujourd’hui la paroisse Saint-Jacques, mais qui, à cette époque, n’était connue que sous le nom des Acadiens. Pourquoi ce nom ? me demandera-t-on ? C’est qu’en 1757, cinq années avant le moment où monsieur Bossier vint prendre possession de son habitation, une bande d’Acadiens, au nombre de deux cent cinquante (en comptant les femmes et les enfants), étaient venus pour former une colonie au milieu de ces belles campagnes et s’y étaient définitivement fixés. De temps à autre, des parents, des amis qu’ils avaient laissés derrière, venaient les rejoindre, si bien, qu’en 1762, nos Acadiens avaient là, au bord du Mississippi, un grand village, ou plutôt une cinquantaine de plantations, de