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Page:De la Houssaye - Pouponne et Balthazar, 1888.djvu/72

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ce qui s’appelle le grand monde, on se demandait avec surprise où elle avait pris cette beauté intelligente, ces manières si pleines de gracieuse dignité.

Pouponne aurait rougi d’aller nu pieds : c’était, se disait-elle un manque de modestie qui devait offenser Dieu, et toute pauvre qu’elle était, elle trouva moyen de se tricoter des bas et, après bien des essais, de se confectionner des souliers avec la peau du crocodile. Ce fut le père Landry qui lui montra à préparer ces peaux. Ses beaux cheveux noirs étaient toujours bien peignés ; elle les relevait en une grosse tresse qui s’enroulait autour de sa tête et lui faisait une couronne naturelle. Comme je l’ai déjà dit, les manières de la jeune fille étaient imprégnées d’une froide dignité qui éloignait toute familiarité et en imposaient, même à Charlotte. Surprise de voir cette belle dame sur sa galerie, Pouponne fit sa plus belle révérence et, ouvrant la porte de la cuisine, dit :

— Voulez-vous entrer, mame ?

Charlotte entra… et, faut-il le