Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/100

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une guerre continuelle, mais qui ne sauroit durer toujours. Il faudra nécessairement, ou que l’état redevienne chrétien, ou qu’il abolisse le christianisme ; projet insensé autant qu’exécrable, et dont la seule tentative amèneroit la dissolution totale et dernière de la société.

Déjà elle chancelle de toutes parts, déjà sa vie s’affoiblit manifestement, à mesure qu’elle se sépare davantage de la religion ; et cette effrayante séparation, qu’on s’efforceroit en vain de ne pas apercevoir, s’accroît d’année en année. Dans l’impossibilité actuelle de prononcer son abolition légale, on combat son influence, on restreint son action, on la façonne à l’esclavage, pour en faire, s’il se peut, en la dénaturant, un docile instrument du pouvoir. On redoute, et l’on a raison de redouter, une lutte ouverte, où l’église, qu’on ne subjugue point, puiseroit un nouveau courage et des forces nouvelles. à la place de la violence, on emploie contre elle la ruse et la séduction. L’habituer à la servitude, en la flattant et en l’intimidant tour à tour, voilà ce qu’on cherche. On voudroit, non pas former avec elle une alliance sainte pour le triomphe de l’ordre et de la vérité, mais qu’elle se fondît peu à peu dans l’état tel qu’il est, en renonçant à ses croyances, à son propre gouvernement, à ses propres lois, c’est-à-dire en s’anéantissant elle-même ; ce qui est arrivé partout où l’unité