Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/106

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aux préjugés opiniâtres de quelques millions de français.

On la tolère pour eux, comme on protège pour d’autres les spectacles. Elle figure dans le budget au même titre que les beaux-arts, les théâtres, les haras.

Elle dépend de la même manière de l’administration qui la salarie. On règle sa dépense, on détermine le mode de comptabilité, on nomme aux emplois ; c’est là tout. Une église n’a rien de plus sacré qu’un autre édifice ; elle n’est, comme une prison, comme une halle, qu’un bâtiment à construire ou à réparer ; et nulle différence entre le sanctuaire où repose le saint des saints, et un temple protestant, et une synagogue, et une mosquée même, s’il prenoit fantaisie au premier venu d’en établir. évêques, consistoires, prêtres, ministres, rabins, tout est égal aux yeux de la loi, et nous dirions aussi aux yeux des administrateurs, si le clergé catholique n’étoit trop souvent pour eux l’objet d’une défiance particulière et d’une aversion que rarement prennent-ils le soin de déguiser.

Ainsi la religion qui devroit, placée à la tête de la société, la pénétrer tout entière, est reléguée parmi les choses qui l’intéressent le moins, ou qui ne l’intéressent que sous des rapports matériels.

On la souffre à cause du danger de l’abolir subitement ; on l’avilit, on gêne son action, on rétrécit autant qu’on peut le cercle de son influence,