Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/119

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cède point. Aux époques sinistres, lorsque des mouvements extraordinaires agitent le monde, elle sait qu’en elle est le salut, bien qu’elle en ignore et le temps et la manière ; et immobile alors on la voit opposer, sans jamais fléchir, aux tempêtes de l’erreur, aux flots des passions, son inébranlable foi et sa législation impérissable.

L’état de la société, qui rend les gouvernements même dépendants de cette puissance vague et mobile qu’on appelle l’opinion, exige impérieusement que la défense de la religion, les plaintes qu’elle a le droit de former, l’exposition de ses besoins, aient un caractère éclatant de publicité. Il faut parler au peuple dans les démocraties. Que ce soit là l’indice d’un profond désordre, ce ne sera pas nous, certes, qui le nierons ; mais la nécessité n’en subsiste pas moins. Qu’on nous dise à quoi reviennent des observations adressées par quelques évêques à un ministre, et passant, quelquefois sans être lues, de ses mains en celles d’un commis chargé de les ensevelir dans des cartons ? Représentez-vous, au contraire, l’épiscopat entier élevant sa voix, et ses gémissements, et ses lamentations prophétiques au milieu de la France, rappelant à la souveraineté temporelle, avec une sainte et respectueuse liberté, ses devoirs envers Dieu, envers la religion, envers la société humaine qui, séparée de son principe de vie, se dissout