Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/150

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qu’elles sont seulement plus générales et plus également répandues.

Cependant un système de politique qui, en substituant la force au droit, ôtoit aux foibles et même aux puissants toute sécurité, et constituoit les nations dans un état de guerre permanent, devoit conduire, ou au morcellement de l’Europe en une multitude de petites souverainetés occupées sans cesse à se détruire l’une l’autre, ou à un vaste despotisme, si une seule parvenoit à établir solidement sa prépondérance. Plus d’une fois on soupçonna des tentatives de ce genre. La souffrance et l’inquiétude universelle firent chercher un remède aux maux de la société, une barrière contre l’envahissement, un principe enfin de stabilité dont le besoin se faisoit partout sentir. Mais ce principe, où le trouver ? Dans l’ordre moral ?

Dans la loi de justice ? On en étoit sorti, pour n’y plus rentrer : et d’ailleurs qu’est-ce qu’une loi sans un tribunal qui l’applique ? On avoit proclamé le règne de la force ; on lui demanda une garantie contre elle-même : et de là le système de balance entre les états, balance chimérique qu’on crut fixer par le traité de Westphalie, et qui, dérangée toujours et toujours cherchée, fut long-temps comme le grand-œuvre des rose-croix de la politique. Jamais peut-être n’y eut-il plus de guerres, ni des guerres plus sanglantes, ni des