Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/355

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plus dure. La société flottoit sans cesse entre la tyrannie d’un seul et la tyrannie de tous, entre le despotisme et l’anarchie ; et ces deux fléaux s’aggravoient à mesure que le principe religieux s’affoiblissoit dans la famille.

L’immense révolution que le christianisme effectua sous ce rapport dans le monde, et qui sauva le monde, ne tint qu’à une chose, d’abord presque inaperçue, comme il arrive toujours lorsque c’est Dieu qui agit, et non pas l’homme. Jésus-Christ ne changea ni la religion, ni les droits, ni les devoirs ; mais, en développant la loi primitive, en l’accomplissant, il éleva la société religieuse à l’état public, il la constitua extérieurement par l’institution d’une merveilleuse police, qui, de toutes les familles ne fait qu’une seule famille, gouvernée, dans l’ordre du salut, par l’autorité d’un ministère spirituel, gouverné lui-même par un chef unique.

Dès lors l’interprétation et la défense de la loi divine, qui est aussi la loi politique fondamentale, n’appartinrent plus au peuple, mais au ministère spirituel et à son chef, à qui Dieu même en a confié le dépôt. Le pouvoir fut protégé contre les sujets, et les sujets contre le pouvoir, par le souverain de la société religieuse universelle, défenseur suprême de la justice. les peuples purent obéir avec sécurité,