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Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/360

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sais quel avenir qui fuit toujours ; d’autres, moins prompts à espérer, déclarent, au contraire, que le temps les inquiète, et que si l’on est sage, on se concertera pour le fixer. En attendant il suit son cours, et emporte pêle-mêle les croyances, les mœurs, les opinions, les lois.

Nul lien véritable entre les états, divisés par la vieille politique des intérêts, qui se complique de mille intérêts nouveaux ; et, dans chaque état, un esprit d’indépendance qui, plus ou moins développé, plus ou moins favorisé par les évènements, éclate en révolutions, ou mine sourdement les bases de l’ordre. Partout, ou presque partout, les peuples se détachent de leurs chefs. Las d’obéir, parce qu’on leur a dit que l’obéissance étoit l’esclavage, ils se croient opprimés tant qu’ils ne commandent pas. Une génération s’élève imbue des doctrines d’anarchie, ardente de désirs et de passions, et résolue à se faire un monde selon ses pensées. Tel est le spectacle qu’offre l’Europe. Et qu’oppose-t-on à ce mouvement terrible ? Des soldats. Il faut des armées pour garder les trônes, pour les défendre contre le peuple ; mais qui les défendra contre les armées ?

On peut aussi, nous le savons, graver sur le sabre le mot d’ordre de la rébellion.

Que prévoir donc, qu’attendre, à quels destins sommes-nous réservés ? N’y a-t-il nul moyen de