Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/361

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remédier aux maux présents, d’échapper aux calamités futures ? Toute sagesse seroit-elle vaine, tout effort impuissant ? Ne reste-t-il qu’à se voiler la tête ?

écartons d’abord les soupçons bas et les accusations familières aux hommes qui ne conçoivent aucune opinion, aucun sentiment désintéressé. Si l’ordre doit revivre, ce ne sera pas de nos jours. Donc ceux qui demandent l’ordre, ne le demandent pas pour eux ; ils ne jouiront point de ses bienfaits ; aucune vue personnelle ne peut dès lors être leur motif ; ils n’ont rien à espérer, rien à recueillir que l’injure, la calomnie et la persécution. On ne change point en quelques années l’esprit des peuples, c’est l’œuvre du temps ; et jusqu’à ce que cet esprit ait changé, il est impossible que la société chrétienne renaisse.

Elle est le fruit, non de la violence, mais de la conviction ; sa base est la foi, et non pas l’épée.

Elle existe quand on y croit, elle cesse d’être quand on cesse d’y croire, et jamais les lois ne la recréeront qu’en aidant à la rétablir dans la pensée et dans la conscience.

C’est la tâche des gouvernements ; l’avenir des nations et leur propre avenir dépend d’eux, du moins en partie. Qu’ils y réfléchissent sérieusement ; il s’agit de la vie. Qu’ont-ils fait jusqu’à présent que conspirer contre eux-mêmes ? Le salut n’est pas où