Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/57

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qui a reçu le glaive use du glaive pour faire respecter Dieu et sa loi, c’est son devoir, car nul ordre n’existeroit sans cela sur la terre. Mais la religion n’a point de bourreaux ; et quand le crime, poursuivi au dehors par la justice humaine, au dedans par le remords, ne sait plus où se réfugier, elle lui ouvre son sein, et là encore il trouve et la paix et des espérances immortelles.

Toutefois ce seroit une profonde et dangereuse erreur de conclure de là, contre l’exemple universel des peuples anciens et des nations anciennes, que la société abuse du droit de vie et de mort qu’elle a sur ses membres, lorsqu’elle punit le sacrilége de la peine capitale ; et nous avons peine à comprendre comment ces paroles ont pu être prononcées devant la chambre des pairs.

« N’arrêtez pas mes regards sur la dernière conséquence de la loi, ou vous me ferez frémir. La voici tout entière, cette dernière conséquence : l’homme sacrilége, conduit à l’échafaud, devroit y marcher seul et sans l’assistance d’un prêtre : car que lui dira ce prêtre ? Il lui dira sans doute, Jésus-Christ vous pardonne : et que lui répondra le criminel ? Mais la loi me condamne au nom de Jésus-Christ [1]. »

  1. Opinion de M. le vicomte de Chateaubriand, sur l’art. IV du projet de loi relatif au sacrilège.