Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/61

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Voilà, certes, une bizarre demande : ce sont de ces choses, comme Rousseau en fournit tant d’exemples, qui échappent aux plus habiles, quand ils se sont une fois engagés à soutenir quelque principe faux. Car, du reste, M. Royer-Collard sait aussi bien que nous que, si jamais personne n’imagina que les états aient une âme et une autre vie ils seront jugés selon leur foi et leurs œuvres, tout le monde comprend à merveille qu’un état forme un être moral, dont les maximes, les croyances, les doctrines, sont exprimées par ses actes publics et principalement par sa législation. Il faudroit pour nier cela renverser le langage humain. Si les états n’avoient point, en ce sens, une religion, ils n’auroient point non plus de morale, du moins obligatoire, puisque la morale n’a de sanction positive et dogmatique que dans la religion [1]. Or, sans morale, je dis sans morale professée publiquement, et reconnue par les lois, concevroit-on seulement l’idée de justice appliquée par l’état aux rapports des hommes entre eux dans la société ? Nous nous abstiendrons de montrer toutes les conséquences de l’erreur que nous combattons en ce moment, et sur lesquelles il y a quelque lieu d’être surpris que M Royer-Collard ait fermé les yeux.

L’horreur que l’athéisme inspire naturell

  1. Discours de M. Royer-Collard.