Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/62

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ement, l’a fait tomber dans la seule contradiction qu’offre son discours. il s’en faut bien, dit-il, que la loi française soit athée. Si la loi française n’est pas athée, elle reconnoît donc l’existence de Dieu, il y a donc au moins une vérité légale ; il est donc faux que la vérité n’entre pour rien dans l’alliance de l’état avec la religion, que la loi humaine ne participe point aux croyances religieuses, qu’elle ne les connoît ni ne les comprend. Je m’étonne que M. Royer-Collard n’ait pas vu que, ce principe admis, toute son argumentation contre ses adversaires et leur projet de loi, croule par le fondement ; car si l’on avoue que la loi peut et doit professer une vérité religieuse, une seule, elle doit et peut les professer toutes : en d’autres termes, si l’état peut avoir une religion, il doit en avoir une, et par conséquent la vraie. Que si, au contraire, l’état n’adopte aucune religion, si la vérité n’entre pour rien dans la protection que nos lois accordent aux différents cultes, si ces lois ne consacrent, n’admettent comme vraies aucunes croyances, j’en adjure tous les hommes qui entendent la valeur des mots, ces lois sont athées.

Le motif pour lequel M. Royer-Collard s’oppose à ce que la loi reconnoisse aucune vérité religieuse, c’est qu’il s’ensuivroit, selon lui, que toutes les religions d’état seroient également vraies, ou qu’il y auroit autant de vérités que de religions d’état. « Bien