Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/92

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France pourra se flatter d’avoir des citoyennes comme on n’en voit guère assurément, et les femmes les plus fortes de l’Europe en théologie et en politique gallicanes.

Il n’est pas inutile de rappeler ces extravagances : mieux que tout ce qu’on pourroit dire elles montrent ce que devient la raison publique chez les peuples qui abjurent le christianisme. Ils tombent dans une sorte d’imbécillité à la fois risible et effrayante.

Le sens leur est ôté, et c’est leur premier châtiment.

On se plaint depuis long-temps de l’esprit dans lequel la jeunesse est élevée en France ; mais dès qu’on fait de l’éducation une institution politique, l’éducation est nécessairement ce qu’est l’état lui-même ; ses doctrines règnent dans les collèges comme dans la société, quel que soit l’enseignement particulier de tel ou tel maître : aucune puissance humaine ne sauroit faire qu’une institution politique soit opposée, et en elle-même et dans ses effets, au principe dont elle émane ; qu’il y ait de la foi dans des écoles établies et administrées par un gouvernement qui professe l’indifférence absolue des religions. De là cette espèce de doute contagieux et cette impiété froide et tenace, qu’on observe avec épouvante dans la plupart des établissements publics d’éducation. Les désordres de mœurs, bien que portés à un degré autrefois inconnu,