Page:Debans - Un duel à vapeur, 1895.djvu/47

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lâchant sa vapeur pour venir me tuer, que mon idée était absolument stupide, et que son combat dans la rivière aurait eu bien plus de physionomie.

J’ai encore le regret de n’avoir pas vu sa verrue dans ce moment-là, car elle devait être, vous n’en doutez pas, particulièrement phénoménale. Mais le bonheur ici-bas n’est jamais complet.

Vous allez trouver, lecteurs, que je vous fais languir et que je ne vais pas droit au but. J’aurais bien voulu vous y voir, pour juger de l’empressement que vous y auriez mis à ma place. Quant au but, un but suprême, je marchais vers lui, je vous assure, avec une rapidité que je jugeais très convenable.

Seulement, dans ces moments-là, l’esprit a une faculté de réflexion excessivement prompte, et je vous fais part de la centième partie, à peine, de ce que je me disais.

J’approchais de Black-River.

Il y a eu sur beaucoup de fleuves américains d’immenses ponts en bois sur lesquels passent les chemins de fer. Mais ils ne sont pas fixes. Les nécessités de la navigation fluviale ont forcé les ingénieurs à trouver des systèmes qui permissent aux navires de passer.

Ces ponts peuvent donc s’ouvrir. Chaque moitié se replie vers la rive et laisse le passage libre aux plus grands navires. Lorsque les bâtiments ont traversé cette partie de la rivière, les deux moitiés du pont se rejoignent et se juxtaposent exactement, pour laisser franchir le fleuve et l’espace aux trains les plus