Page:Decombe - Trésor du jardin de la préfecture.djvu/28

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ne furent point enterrés dans une église, mais bien dans le cimetière commun de la cité rennaise ; qu’on éleva l’église Saint-Melaine sur leurs tombeaux, et, par conséquent, dans ce cimetière primitif dont une partie seulement devint plus tard le cimetière paroissial de Saint-Jean.

Le premier cimetière chrétien de Rennes s’est donc établi sur l’emplacement même du cimetière païen, comme à Caranda (Aisne)[1], comme à Jublains (Mayenne)[2], comme à Terre-Nègre, près Bordeaux[3], comme à Dieulouard (Meurthe)[3], comme en cent autres localités.


On sait que l’usage d’inhumer les corps est antérieur à celui de les brûler ; que, lorsque la crémation prévalut chez les Romains, cet usage ne fut pas obligatoire, et que les deux modes de sépulture se pratiquèrent simultanément ; que l’usage de brûler les cadavres des morts semble avoir été généralement plus répandu pendant les deux premiers siècles de notre ère ; que cependant, à cette époque, on a continué d’enterrer des corps entiers sans les brûler ; enfin que tes nombreuses découvertes de cimetières gallo-romains relatées dans tous les ouvrages d’archéologie prouvent la contemporanéité des deux modes de sépulture, l’inhumation et l’incinération.

On peut nous objecter que les sarcophages gallo-romains sont généralement percés dans leur partie inférieure et renferment ordinairement des monnaies, des armes, des vases de petite dimension contenant des offrandes ; — qu’aucune de ces particularités ne se remarque dans nos cercueils ; — que pendant les premiers siècles du christianisme on a continué de déposer auprès des morts des bijoux et d’autres objets

  1. Voir le Journal des fouilles de Caranda, de M. Frédéric Horean.
  2. Voir les remarquables travaux de M. Barbe sur Jublains et ses ruines.
  3. a et b De Caumont, Cours d’Antiquités monumentales. Ère gallo-romaine.