s’emporta contre son mari et fit un tel scandale que ce fut la ruine de toute la famille.
Amy supportait tout cela assez bien ; car, si elle avait, en effet, couché avec son maître, c’était à la connaissance et du consentement de sa maîtresse, et, ce qui était pis, par la faute de sa maîtresse même. Je le rappelle pour blâmer mon propre vice et pour exposer comme ils doivent l’être les excès d’une telle perversité.
Je croyais que la peur d’Amy aurait disparu au moment où le navire serait prêt ; mais je vis que cela allait de mal en pis ; et lorsque j’en arrivai à la question, à savoir qu’il fallait embarquer ou perdre notre passage, Amy fut si terrifiée qu’elle eut des attaques de nerfs, si bien que le navire partit sans nous.
Mais comme il était, ainsi que je l’ai dit, absolument nécessaire pour moi d’aller là-bas, je fus obligé de prendre le paquebot quelque temps après, et de laisser Amy à Harwich, mais avec des instructions pour se rendre à Londres, et y rester afin de recevoir mes lettres et mes ordres sur ce qu’elle aurait à faire. J’étais dès lors, de femme de plaisir, devenue femme d’affaires, et d’affaires très sérieuses, je vous le certifie.
Je pris à Harwich une servante pour faire le passage avec moi ; elle avait été à Rotterdam, connaissait la localité, et en parlait la langue, ce qui m’était d’un grand secours ; et me voilà partie. La traversée fut très rapide et le temps très agréable. Arrivée à Rotterdam, j’eus bientôt trouvé le marchand à qui j’étais recommandée, et qui me reçut avec un respect extraordinaire. Tout d’abord, il reconnut la lettre de change acceptée pour 4,000 pistoles, qu’il paya plus tard ponctuellement. Il fit toucher pour moi d’autres lettres de change que j’avais sur Amsterdam ; et l’une de ces lettres, pour une somme de mille deux cents couronnes, ayant été protestée à Amsterdam, il me la paya lui-même, pour l’honneur de l’endosseur, comme il disait, lequel était mon ami le marchand de Paris.
Par son moyen j’entrai en négociations au sujet de mes bijoux. Il m’amena plusieurs joailliers pour les voir, et un particulièrement pour les estimer et pour me dire ce que chacun d’eux valait à part. C’était un homme qui était très habile à connaître les