Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/162

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soins et d’attentions respectueuses, à être servie, aimée et rendue heureuse, surtout si le mari agit comme il convient. Elles ont le nom de sujétion sans avoir la chose. Si, dans les familles de la classe inférieure, les corvées du ménage et le soin des approvisionnements leur incombent, elles ont encore de beaucoup la part la plus facile ; car, en général, les femmes n’ont que le souci d’employer, c’est-à-dire de dépenser, ce que les maris gagnent. La femme est nominalement dans un état de sujétion, il est vrai ; mais d’ordinaire les femmes disposent, non seulement des hommes, mais de tout ce qu’ils ont ; elles seules dirigent tout. Là où l’homme fait son devoir, la vie de la femme est tout agrément et toute tranquillité ; elle n’a rien à faire qu’à être heureuse, et à rendre tous ceux qui sont autour d’elle à la fois heureux et gais.

Je répondis que tant qu’une femme est seule, elle est homme par sa capacité civile. Elle a plein pouvoir sur ce qu’elle possède, et la direction complète de ses actions. Elle est homme en sa capacité propre, dans tous les sens et à toutes les fins où un homme agit lui-même en cette qualité. Elle n’est contrôlée par personne, parce qu’elle n’a à rendre compte à personne ; elle n’est dans la sujétion de personne. Et je chantai ces deux vers de M. *** :

Être libre c’est le sort enchanté ;
La plus belle fille est la Liberté ![1]

J’ajoutai que toute femme possédant une fortune et qui en faisait l’abandon pour devenir l’esclave d’un homme considérable, était une sotte femme, et ne pouvait être bonne à rien qu’à faire une mendiante. C’était mon opinion qu’une femme était aussi apte à gouverner sa propre fortune et à en jouir sans l’aide d’un homme, qu’un homme l’était sans l’aide d’une femme ;

  1. O ! tis pleasant to be free,
    The sweetest Miss is Liberty

    Littéralement : « Oh ! il est agréable d’être libre ; la plus douce demoiselle est la Liberté. »