imbécile de frère, et elle me dit qu’une fille les avait amenés jusqu’à la porte, les avait poussés dans la maison, et lui avait demandé de les conduire à moi. Mais cela ne me gênera guère, car j’ai donné l’ordre de les déposer dans la rue, dehors ; et ainsi les marguilliers de la paroisse prendront soin d’eux ou obligeront cette stupide femelle de les ramener à ***. Que celle qui les a mis au monde s’occupe d’eux si elle veut. Pourquoi m’envoie-t-elle sa marmaille ?
» — C’est véritablement le second parti qui serait le meilleur des deux, dit la pauvre femme, si la chose était faisable ; et cela m’amène à vous dire ma commission et la cause de ma visite, car je venais précisément à propos de cette affaire, pour empêcher qu’on ne vous mette tout ceci sur les bras ; mais je vois que je suis venue trop tard.
» — Que voulez-vous dire par trop tard ? dit la maîtresse. Quoi ! Vous avez donc un intérêt dans cette affaire ? Quoi ? Avez-vous contribué à attirer sur nous cet opprobre de famille ?
» — J’espère que vous ne pensez pas une telle chose de moi, madame, dit la pauvre femme. Mais je suis allée ce matin à ***, voir mon ancienne maîtresse et bienfaitrice, — car elle a été bien bonne pour moi ; et quand je suis arrivée à la porte, j’ai trouvé tout soigneusement fermé à la clef et au verrou, et la maison paraissant comme si personne n’y était.
» J’ai frappé à la porte, mais personne n’est venu. À la fin, quelques servantes du voisinage m’ont crié : « Personne ne demeure là, maîtresse. Pourquoi frappez-vous ? — J’eus l’air surprise. — Quoi, personne ne demeure là ? dis-je. Que voulez-vous dire ? Est-ce que Mrs *** ne demeure pas là ? — Non, répondit-on, elle est partie. — Alors j’entrai en conversation avec l’une d’elles, et lui demandai ce qu’il y avait. — Ce qu’il y a ! dit-elle. Eh bien ! il y en a assez : la pauvre dame a vécu là toute seule, sans rien pour subsister, pendant longtemps, et, ce matin, le propriétaire l’a jetée à la porte.
» Jetée à la porte ? dis-je. Et quoi ? avec tous ses enfants ? Pauvres agneaux, que deviennent-ils ?
» Et bien, en vérité, me dit-on, rien de pire ne pouvait leur arriver que de rester ici, car ils étaient à peu près morts de