Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/22

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enfants. C’était un ancien, un homme digne et bon, et son nom est respecté de tous ses voisins. On reprochera, à vous qui êtes sa fille, et à nos enfants qui sont ses petits-enfants, de laisser les enfants de votre frère périr, ou tomber à la charge du public, au lieu même où florissait autrefois votre famille. Allons, n’en dites pas davantage. Je vais voir ce qu’on peut faire. »

Là-dessus, il convoque et rassemble tous les parents à une taverne près de là.

Il envoya chercher les quatre petits enfants, pour qu’on les vît. Dès le premier mot, tous convinrent qu’ils s’en chargeraient ; et, comme sa femme était dans une rage telle qu’elle ne voulait pas permettre qu’on en gardât un seul chez elle, ils convinrent de les garder tous ensemble momentanément. En conséquence, ils les confièrent à la pauvre femme qui avait préparé l’affaire, et ils s’obligèrent, vis-à-vis les uns des autres, à fournir les sommes nécessaires pour leur entretien. Enfin, pour qu’aucun des enfants ne fût séparé des autres, ils envoyèrent chercher le plus jeune dans la paroisse où on l’avait accepté, et ils les firent tous élever ensemble.

J’empièterais trop sur le reste de mon récit si je racontais en détail la tendresse charitable avec laquelle cet excellent homme, qui n’était que l’oncle par alliance de mes enfants, conduisit toute l’affaire, et quel soin il prit d’eux : allant constamment les voir, s’assurant qu’ils avaient tout ce qu’il leur fallait, qu’ils étaient bien vêtus, qu’ils allaient à l’école, et finalement qu’ils entraient dans le monde dans de bonnes conditions. Il suffit de dire qu’il se conduisit plutôt comme un père envers eux que comme un oncle par alliance, bien que ce fût toujours tout à fait en opposition à la volonté de sa femme, qui n’avait point le cœur si tendre et si compatissant que son mari.

Vous pouvez croire que j’appris tout cela avec le même plaisir que j’en ressens maintenant à le rapporter ; car j’avais une peur terrible en pensant que mes enfants seraient élevés dans le malheur et la misère, comme il doit arriver à ceux qui n’ont pas d’amis, mais qui sont abandonnés à la bienfaisance d’une paroisse.

Cependant, je commençais une nouvelle phase de mon existence. J’avais sur les bras une grande maison et quelque mobilier de