Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/229

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remédier maintenant. Mais on pourrait, j’imagine, se dégager du scandale.

» — Vraiment, dit Amy, je ne vois pas comment, à moins que vous n’alliez encore à l’étranger et que vous ne viviez dans quelque autre nation, où personne ne vous a ni connue ni vue, de sorte que nul n’y pourrait dire qu’il vous a jamais vue auparavant. »

Cette idée d’Amy fit naître dans ma tête la pensée suivante :

« — Eh bien, Amy, repris-je, ne m’est-il pas possible d’éloigner ma personne de cette partie de la ville, et d’aller demeurer ailleurs, quelque part dans la cité, ou en province, et d’y être aussi entièrement cachée que si je n’avais jamais été connue ?

» — Oui, dit Amy, je crois que cela se peut. Mais alors il faut vous débarrasser de votre équipage et de tous vos domestiques, voitures et chevaux ; changer votre livrée, et même vos vêtements et, si c’était possible, votre visage.

» — Eh bien, m’écriai-je, c’est cela, Amy ; c’est ce que je ferai, et tout de suite ; car je ne suis pas capable de vivre de cette façon plus longtemps. »

Amy entra dans cette idée avec une ardeur irrésistible ; car Amy était susceptible de précipitation dans ses mouvements, et elle était pour agir sans délai.

« Eh bien ! dis-je, Amy, aussitôt que vous voudrez. Mais de quelle manière faut-il nous y prendre pour le faire ? Nous ne pouvons nous débarrasser de nos domestiques, de notre voiture, de nos chevaux et de tout, cesser de tenir maison, et nous transformer des pieds à la tête en un moment. Il faut que les domestiques soient avertis ; il faut que les effets soient vendus, et mille autres choses. »

Ceci, en effet, nous rendit quelque peu perplexes, et nous coûta même deux ou trois jours de réflexion.

À la fin Amy, qui était habile à se tirer d’affaires dans des cas semblables, vint me trouver avec un plan, comme elle disait.

« J’ai trouvé, madame, s’écria-t-elle. J’ai trouvé un plan