Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/245

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ce que je voulais refuser maintenant n’était autre chose que ce que j’avais envoyé chercher par Amy en France, au prix de quarante ou cinquante livres sterling, sans avoir même une idée ou un espoir raisonnable qu’on en amènerait l’évènement ; ce qui, pendant six mois, m’avait rendu si inquiète que je ne pouvais trouver de calme ni jour ni nuit, jusqu’à ce qu’Amy m’eût proposé d’aller s’en informer. En un mot, mes pensées étaient toutes confuses et dans le plus grand désordre. Je l’avais jadis refusé et repoussé, et je m’en repentais du fond du cœur ; puis, j’avais mal pris son silence, et dans mon esprit je l’avais rejeté de nouveau ; mais de cela également je m’étais repentie. Maintenant, je m’étais abaissée jusqu’à l’envoyer rechercher en France, chose qui, s’il l’avait sue, l’aurait peut-être empêché de jamais venir à moi. Allais-je donc le rejeter une troisième fois ? D’un autre côté, lui aussi s’était repenti, peut-être ; ignorant ce que j’avais fait, soit en m’abaissant jusqu’à envoyer à sa recherche, soit dans la partie la plus coupable de mon existence, il était venu ici pour me chercher de nouveau ; je pourrais peut-être le prendre avec les mêmes avantages que j’aurais eus jadis, et j’allais maintenant hésiter à le voir ? Comme j’étais donc dans ce trouble d’esprit, ma Quakeresse remonte, et s’apercevant de la confusion où j’étais, elle court à son cabinet et m’apporte un petit cordial agréable. Mais je ne voulus pas y goûter.

« Oh ! dit-elle, je te comprends. Sois tranquille ; je te donnerai quelque chose qui t’enlèvera toute l’odeur. Quand il t’embrasserait mille fois, il n’y verra rien. »

Je pensai en moi-même : Tu es parfaitement au courant des affaires de ce genre, et je crois qu’il faut maintenant que je me laisse gouverner ; aussi, je commence à pencher à descendre avec toi. — Là-dessus je pris le cordial, et elle me donna ensuite une sorte de confiture épicée, dont le parfum était si fort et pourtant si délicieux qu’il l’emporterait sur la plus délicate odeur ; et elle enleva de mon haleine toute trace du cordial.

Après cela donc, mais toujours en hésitant, je descendis deux étages avec elle par un escalier de derrière, et j’entrai dans