Page:Defoe - Lady Roxana.djvu/45

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chose à faire. Il me donna mes contrats et l’obligation pour mon entretien pendant sa vie et pour les cinq cents livres après sa mort. Et loin que son affection pour moi diminuât par la suite, deux ans après ce qu’il appelait notre mariage, il fit son testament et me donna mille livres de plus, avec tout le ménage, la vaisselle, etc., ce qui était considérable aussi.

Amy nous mit au lit, et mon nouvel ami, je ne puis l’appeler mari, fut si content de sa fidélité et de son attachement pour moi, qu’il lui paya tout l’arriéré des gages que je lui devais, et lui donna cinq guinées de plus. Si les choses en étaient restées là, Amy l’avait grandement mérité, car jamais servante ne fut si dévouée à une maîtresse dans une situation aussi épouvantable que celle où j’étais. D’ailleurs ce qui suivit fut moins sa faute que la mienne, car c’est moi qui l’y amenai peu à peu d’abord et qui, ensuite, l’y poussai complètement. On peut prendre cela comme une nouvelle preuve de l’endurcissement auquel j’étais arrivée dans le crime, grâce à la conviction qui pesait sur moi depuis le commencement, que j’étais une prostituée, et non une épouse. Jamais, d’ailleurs, je ne pus plier ma bouche à l’appeler mari, ni à dire « mon mari » quand je parlais de lui.

Nous menions assurément la vie la plus agréable — le point essentiel mis à part, — que deux êtres aient jamais menée ensemble. C’était l’homme le plus obligeant, le mieux élevé, le plus tendre à qui femme se soit jamais livrée. Et il n’y eut jamais la moindre interruption dans notre mutuelle tendresse, non, jamais, jusqu’au dernier jour de sa vie. Mais il faut que j’arrive tout de suite à la catastrophe d’Amy, afin d’en finir avec elle.