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MOLL FLANDERS

Vous pouvez bien penser que je n’eus point de repos que je ne m’informasse de nouveau très rapidement de ce qui était advenu ; et n’osant m’aventurer moi-même, j’envoyai plusieurs faux messagers, jusque après avoir attendu quinze jours encore, je trouvai qu’il y avait quelque espoir qu’il pût vivre, quoiqu’il fût toujours bien mal ; alors je cessai d’envoyer chercher des nouvelles, et quelque temps après je sus dans le voisinage qu’il se levait dans sa chambre, et puis qu’il avait pu sortir.

Je n’eus point de doute alors que je n’ouïrais bientôt quelque nouvelle de lui, et commençai de me réconforter sur ma condition, pensant qu’elle fût rétablie ; j’attendis une semaine, et deux semaines et avec infiniment de surprise, près de deux mois, et n’appris rien, sinon qu’étant remis, il était parti pour la campagne, afin de prendre l’air après sa maladie ; ensuite il se passa deux mois encore, et puis je sus qu’il était revenu dans sa maison de ville, mais je ne reçus rien de lui.

Je lui avais écrit plusieurs lettres et les avais adressées comme d’ordinaire ; et je trouvai qu’on en était venu chercher deux ou trois, mais point les autres. Je lui écrivis encore d’une manière plus pressante que jamais, et dans l’une d’elles, je lui fis savoir que je serais obligée de venir le trouver moi-même, représentant ma condition, le loyer du logement à payer, toute provision pour l’enfant qui manquait, et mon déplorable état, dénuée de tout entretien, après son très solennel engagement qu’il aurait soin de moi et me pourvoirait ; je fis une copie de cette lettre, et trouvant qu’elle était restée près d’un mois dans la maison où je l’avais