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Page:Defoe - Moll Flanders, trad. Schowb, ed. Crès, 1918.djvu/60

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MOLL FLANDERS

depuis son départ et, en particulier qu’il faisait l’amour à Mme Betty.

— Eh bien, dit son frère avec un peu d’humeur, et puis quoi ? Cela regarde-t-il quelqu’un ?

— Voyons, lui dit son frère, ne te fâche pas, Robin, je ne prétends nullement m’en mêler, mais je trouve qu’elles s’en inquiètent, et qu’elles ont à ce sujet maltraité la pauvre fille, ce qui me peine autant que si c’était moi-même.

— Que veux tu dire par ELLES ? dit Robin.

— Je veux dire ma mère et les filles, dit le frère aîné. Mais écoute, reprend-il, est-ce sérieux ? aimes tu vraiment la fille ?

— Eh bien, alors, dit Robin, je te parlerai librement : je l’aime au-dessus de toutes les femmes du monde, et je l’aurai, en dépit de ce qu’elles pourront faire ou dire ; j’ai confiance que la fille ne me refusera point.

Je fus percée au cœur à ces paroles, car bien qu’il fût de toute raison de penser que je ne le refuserais pas, cependant, je savais, en ma conscience, qu’il le fallait, et je voyais ma ruine dans cette obligation ; mais je savais qu’il était de mon intérêt de parler autrement à ce moment, et j’interrompis donc son histoire en ces termes :

Oui-da, dis-je, pense-t-il que je ne le refuserai point ? il verra bien que je le refuserai tout de même.

— Bien, ma chérie, dit-il, mais permets-moi de te rapporter toute l’histoire, telle qu’elle se passa entre nous, puis tu diras ce que tu voudras.

Là-dessus il continua et me dit qu’il avait ainsi répondu :

— Mais, mon frère, tu sais qu’elle n’a rien, et tu