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MOLL FLANDERS

jetée à la porte, elle espérait que son père et sa mère n’y manqueraient pas, sitôt qu’on pourrait la transporter.

Robin répliqua que c’était l’affaire du maître et de la maîtresse de la maison, qui n’avaient pas de leçons à recevoir d’une personne d’aussi peu de jugement que sa sœur aînée.

Tout cela courut beaucoup plus loin : la sœur gronda, Robin moqua et railla, mais la pauvre Betty y perdit extrêmement de terrain dans la famille. On me le raconta et je pleurai de tout cœur, et la vieille dame monta me voir, quelqu’un lui ayant dit à quel point je m’en tourmentais. Je me plaignis à elle qu’il était bien dur que les docteurs donnassent sur moi un tel jugement pour lequel ils n’avaient point de cause, et que c’était encore plus dur si on considérait la situation où je me trouvais dans la famille ; que j’espérais n’avoir rien fait pour diminuer son estime pour moi ou donner aucune occasion à ce chamaillis entre ses fils et ses filles, et que j’avais plus grand besoin de penser à ma bière que d’être en amour, et la suppliai de ne pas me laisser souffrir en son opinion pour les erreurs de quiconque, excepté les miennes.

Elle fut sensible à la justesse de ce que je disais, mais me dit que puisqu’il y avait eu une telle clameur entre eux, et que son fils cadet jacassait de ce train, elle me priait d’avoir assez confiance en elle pour lui répondre bien sincèrement à une seule question. Je lui dis que je le ferais et avec la plus extrême simplicité et sincérité. Eh bien, alors, la question était : Y avait-il eu quelque chose entre son fils Robert et moi ? Je lui dis avec toutes les protestations de sincérité que je pus faire et bien