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Page:Defoe - Moll Flanders, trad. Schowb, ed. Crès, 1918.djvu/74

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MOLL FLANDERS

— Mais alors, madame, elle a d’autant plus besoin de charité, dit Robin ; je l’ôterai de dessus les bras de la paroisse, et elle et moi nous irons mendier ensemble.

— C’est mal de plaisanter avec ces choses, dit la mère.

— Je ne plaisante pas, madame, dit Robin : nous viendrons implorer votre pardon, madame, et votre bénédiction, madame, et celle de mon père.

— Tout ceci est hors de propos, fils, dit la mère ; si tu es sérieux, tu es perdu.

— J’ai bien peur que non, dit-il, car j’ai vraiment peur qu’elle ne veuille pas me prendre ; après toutes les criailleries de mes sœurs, je crois que je ne parviendrai jamais à l’y persuader.

— Voilà bien d’une belle histoire, elle n’est pas déjà partie si loin ; Mme Betty n’est point une sotte, dit la plus jeune sœur, penses-tu qu’elle a appris à dire NON mieux que le reste du monde ?

— Non, madame Bel-Esprit, dit Robin, en effet, Mme Betty n’est point une sotte, mais Mme Betty peut être engagée d’une autre manière, et alors quoi ?

— Pour cela, dit la sœur aînée, nous ne pouvons rien en dire, mais à qui donc serait-elle engagée ? Elle ne sort jamais ; il faut bien que ce soit entre vous.

— Je n’ai rien à répondre là-dessus, dit Robin, j’ai été suffisamment examiné ; voici mon frère, s’il faut bien que ce soit entre nous, entreprenez-le à son tour.

Ceci piqua le frère aîné au vif, et il en conclut que Robin avait découvert quelque chose, toutefois il se garda de paraître troublé :

— De grâce, dit-il, ne va donc pas faire passer tes