Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/156

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à peine ce que je disais ou pourquoi je le disais : toutes mes pensées étaient confuses.

Le 22. — J’étais un peu mieux, mais dans l’affreuse transe de faire une maladie.

Le 23. — Je fus derechef fort mal ; j’étais glacé et frissonnant et j’avais une violente migraine.

Le 24. — Beaucoup de mieux.

Le 25. — Fièvre violente ; l’accès, qui me dura sept heures, était alternativement froid et chaud et accompagné de sueurs affaiblissantes.

Le 26. — Il y eut du mieux ; et, comme je n’avais point de vivres, je pris mon fusil, mais je me sentis très-faible. Cependant je tuai une chèvre, que je traînai jusque chez moi avec beaucoup de difficulté ; j’en grillai quelques morceaux, que je mangeai. J’aurais désiré les faire bouillir pour avoir du consommé, mais je n’avais point de pot.

Le 27. — La fièvre redevint si aiguë que je restai au lit tout le jour, sans boire ni manger. Je mourais de soif, mais j’étais si affaibli que je n’eus pas la force de me lever pour aller chercher de l’eau. J’invoquai Dieu de nouveau, mais j’étais dans le délire ; et quand il fut passé, j’étais si ignorant que je ne savais que dire ; seulement j’étais étendu et je criai : — « Seigneur, jette un regard sur moi ! Seigneur, aie pitié de moi ! Seigneur, fais-moi miséricorde ! » — Je suppose que je ne fis rien autre chose pendant deux ou trois heures, jusqu’à ce que, l’accès ayant cessé, je m’endormis pour ne me réveiller que fort avant dans la nuit. À mon réveil, je me sentis soulagé, mais faible et excessivement altéré. Néanmoins, comme je n’avais point d’eau dans toute mon habitation, je fus forcé de rester couché jusqu’au matin, et je me ren-