Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/266

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nagère et capable en vérité d’être la gouvernante de l’île entière. Elle savait parfaitement se conduire avec les gens de toute sorte qui l’entouraient, et n’eût pas été plus empruntée avec des gens du bel air, s’il s’en fût trouvé là.

Les accordailles étant faites de cette manière, nous les mariâmes le jour même ; et comme à l’autel, pour ainsi dire, je servais de père à cette fille, et que je la présentais, je lui constituai une dot : je lui assignai, à elle et à son mari, une belle et vaste étendue de terre pour leur plantation. Ce mariage et la proposition que le jeune gentleman m’avait faite de lui concéder une petite propriété dans l’île, me donnèrent l’idée de la partager entre ses habitants, afin qu’ils ne pussent par la suite se quereller au sujet de leur emplacement.

Je remis le soin de ce partage à Will Atkins, qui vraiment alors était devenu un homme sage, grave, ménager, complètement réformé, excessivement pieux et religieux, et qui, autant qu’il peut m’être permis de prononcer en pareil cas, était, je le crois fermement, un pénitent sincère.

Il s’acquitta de cette répartition avec tant d’équité et tellement à la satisfaction de chacun, qu’ils désirèrent seulement pour le tout un acte général de ma main que je fis dresser et que je signai et scellai. Ce contrat, déterminant la situation et les limites de chaque plantation, certifiait que je leur accordais la possession absolue et héréditaire des plantations ou fermes respectives et de leurs améliorissements, à eux et à leurs hoirs, me réservant tout le reste de l’île comme ma propriété particulière, et par chaque plantation une certaine redevance payable au bout de onze années à moi ou à quiconque de ma part ou en mon nom viendrait la réclamer et produirait une copie légalisée de cette concession.