Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/43

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fin, je n’eus qu’à me féliciter de l’inviolable intégrité de cette bonne gentlewoman.

J’eus alors la pensée de laisser mon avoir à cette femme, et de passer à Lisbonne, puis de là au Brésil ; mais de nouveaux scrupules religieux vinrent m’en détourner[1]. — Je pris donc le parti de demeurer dans ma patrie, et, si j’en pouvais trouver le moyen, de me défaire de ma plantation[2].

Dans ce dessein j’écrivis à mon vieil ami de Lisbonne. Il me répondit qu’il trouverait aisément à vendre ma plantation dans le pays ; mais que, si je consentais à ce qu’au Brésil il l’offrit en mon nom aux deux marchands, les survivants de mes curateurs, que je savais fort riches, et qui, se trouvant sur les lieux, en connaissaient parfaitement la valeur, il était sûr qu’ils seraient enchantés d’en faire l’acquisition, et ne mettait pas en doute que je ne pusse en tirer au moins 4 ou 5,000 pièces de huit.

J’y consentis donc et lui donnai pour cette offre mes instructions, qu’il suivit. Au bout de huit mois, le bâtiment étant de retour, il me fit savoir que la proposition avait été acceptée, et qu’ils avaient adressé 33,000 pièces de huit à l’un de leurs correspondants à Lisbonne pour effectuer le paiement.

De mon côté je signai l’acte de vente en forme qu’on m’avait expédié de Lisbonne, et je le fis passer à mon vieil ami, qui m’envoya des lettres de change pour 32,800 pièces de huit[3], prix de ma propriété, se réservant le

  1. Voir à la Dissertation religieuse.
  2. Ce paragraphe et le fragment que nous renvoyons à la Dissertation ont été supprimés dans une édition contemporaine où l’on se borne au rôle de traducteur fidèle
  3. La pièce de huit ou de huit testons, dont il a souvent été parlé dans le cours de cet ouvrage, est une pièce d’or portugaise valant environ 5 Fr. 66 cent.