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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME . 89

« La systématisation des sentiments humains est la suite nécessaire de celle des idées et la base indis- pensable de celle des institutions. » Pour régler les pensées, les sentiments et les actes, il faut une syn- thèse. Et d'autant plus complète que la société de- vient plus complexe. « La religion est un consensus normal pour l'âme équivalant à la santé pour le corps.» La foi, c'est-à-dire la confiance, l'assenti- ment, l'humilité, la grâce socialisante, est « la plus grande vertu sociale ».

Comte ayant coordonné — et lui seul était en mesure de le faire — l'ensemble des connaissances humaines, il ne visera point à une unité objective qu'il juge illusoire. Dès la première leçon de son cours, il l'a déclaré : « Je crois que les moyens de l'esprit humain sont trop faibles et l'univers trop compliqué pour qu'une telle perfection scientifique soit jamais à notre portée, et je pense, d'ailleurs, qu'on se forme généralement une idée très exagérée des avantages qui en résulteraient nécessairement, si elle était possible... La philosophie positive serait sans donte plus parfaite s'il pouvait en être ainsi. Mais cette condition n'est nullement indispensable à sa formation systématique, non plus qu'à la réalisa- tion de ses grandes et heureuses conséquences. Il n'est pas nécessaire que la doctrine soit une, il suf- fit qu'elle soit homogène. »

Mais l'unité, précisément, fut l'aspiration con- stante de l'humanité. « L'ordre est dans l'unité. » Dans l'introduction de la Synthèse subjective, Comte a formulé magnifiquement les trois données de l'é- ternel et universel problème que n'avaient pu ré- soudre les synthèses partielles — donc impuissantes