Page:Deherme - Aux jeunes gens.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 97

sistant se poser, comment s'orienter : ce sont les assises mêmes de la civilisation qui s'engloutissent dans l'abîme, l'armature qui se rompt de toute part, les institutions de soutènement qui s'effon- drent ; ce sont toutes les barrières mulliséculaires que la nécessité, la sagesse et l'expérience avaient dressées devant l'instinct divergent et le vandalisme impulsif qui sont emportées dans la tourmente.

L'expansion désordonnée de l'industrialisme, de la technique, du machinisme assourdissait les aver- tissements. La fiction de l'argent permettait de dila- pider le capital de civilisation accumulé par l'effort patient des siècles, et même le capital naturel (houille, fer, pétrole, etc.) dont la disette commence à se faire sentir et qui fera défaut, terriblement, à nos descendants. Et ainsi, Ton accroissait les besoins plus encore que les moyens de les satisfaire. Présen- tement, la production même — à quoi furent sacri- fiées la santé, la joie, la beauté — est enrayée par les luttes de classe, la mystification monétaire, l'agio. Nos cités de luxe et de plaisirs sont menacées de famine.

C'est que, dans le social, les forces matérielles deviennent explosives quand elles ne sont pas réglées par des forces spirituelles.

S'il n'y a que jeux d'intérêts, alors ce sont les plus forts qui l'emportent. Certes, d'abord, ceux-ci doivent leur prépotence à la situation, à l'intelli- gence, au savoir, à la ruse. C'est encore du social. Mais la multitude, lasse d'être exploitée, se compte. Ne l'a-t-on pas persuadée que mille valent plus que dix? C'est la démocratie. C'est le nombre. C'est aussi le plus bas, et qui ne connaît que la violence,