Page:Deherme - Aux jeunes gens.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

104 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

donc auprès de ces forces insaisissables parce qu'im- personnelles; et inhumaines, inexorables, parce que sans âme ?

Il n'est de solution partielle à aucune question so- ciale. Sous tous ses aspects, il n'est qu'une question sociale. Et elle est intellectuelle d'abord, morale ensuite, religieuse enfin.

Un ordre mondial qui ne serait maintenu que par le temporel aboutirait à une effroyable tyrannie, où tout ce qui est humain, c'est-à-dire vivant, spontané, intelligent, poli, aimable, serait à jamais comprimé, étouffé. Nous ne serions plus que les rouages d'un monstrueux automate que seuls manœuvreraient l'argent et sa garde-chiourme. Il y aurait des spectres d'hommes : il n'y aurait plus d'humanité.

Et c'est toute la démagogie socialiste. Suivant l'heure de la vile surenchère, le syndicalisme suit ou précède dans cette régression. Ces deux bandes d'ailleurs, par leurs meneurs, ne laissent point d'être extrêmement sensibles à l'argent. Les récents troubles d'Italie en témoignent, qui ont été provoqués, entretenus par la politiquerie et la haute finance. Car cette toute-puissance est stupide comme le monstre autophage Catoblépas.

L'or n'est qu'un métal inerte. S'il est sa propre fin, à quoi tout s'immole, il échappe à l'emprise in- telligente, à toute direction.

D'autre part, les divagations littéraires, métaphy- siques ou mystiques ne sauraient instituer une spiri- tualité. Elles ne vont guère qu'où vont les divaga- tions : aux insanités plus ou moins littéraires, aux idioties du spiritisme, à toutes les prostitutions. L'intelligence qui se vend, elle se renonce.