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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME" 105

L'esprit ne se projette et ne se réfléchit dans le monde que s'il a pour générateur une doctrine, et qu'il sert. Ainsi seulement, il évite les vertiges de l'orgueil, les enlisements de l'avarice, il s'anime de sentiment, il s'éclaire d'idéal, il accède aux cimes, — il est.

En Occident, il y eut, il y a encore cet étai de la civilisation qu'est le catholicisme; mais nous voyons trop qu'il fléchit. Pour se maintenir encore quelque temps, au lieu de s'attacher à dissiper ce qui lui reste de théologisme, il incline à revenir aux origines évangéliques. La fétichiste dévotion au Sacré-Cœur de Jésus supplante la politique de saint Paul, d'Hil- debrand et la philosophie de saint Thomas d'Aquin. Mais c'est ainsi que, pour beaucoup, le catholicisme reste un foyer de vie morale.

Désormais, une doctrine plus complète devient nécessaire, qui puisse rallier les plus vives intelli- gences, dégagées du théologisme, et les cœurs, plus irradiants sinon plus brûlants, qui sont affranchis des préoccupations du salut personnel : une doctrine qui soit une synthèse en accord objectif avec les choses et en harmonie subjective avec les pensées.

Le positivisme ne serait pas la doctrine salvatrice que l'humanité attend s'il ne fournissait des solutions immédiates aux formidables problèmes que l'anar- chie morale pose à notre civilisation effarée avec la brutalité du sphinx antique : « Devine ou je te dé- vore ».

D'abord, dans notre chaos, celui d'une direction.

Pas de société sans gouvernement, temporel et spirituel. « Il n'y a de gouverné temporellementque ce qui ne peut l'être spirituellement, c'est-à-dire