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106 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

qu'on ne régit par la force que ce qui ne peut l'être par l'opinion. » Ici, Comte nous fournit le mètre exact de la civilisation : Reconstituer un pouvoir spirituel effectif, établir le sacerdoce positif est donc le plus urgent. Or, tout y met obstacle. L'esprit est écrasé par les forces matérielles que le siècle der- nier surtout a exclusivement développées. Malgré une rétrograde extension de la contrainte étatiste, ces forces barbares ne sont plus contenues. Elles sont favorisées plutôt. En faisant mine de s'affron- ter, le nombre destructeur et l'argent corrupteur conspirent pour imposer au monde une effroyable tyrannie.

« Le principe révolutionnaire, dit Comte, consiste surtout dans l'absorption du pouvoir spirituel par les forces temporelles, qui ne reconnaissent d'autre autorité que la raison individuelle... Tous les partis actuels méritent ainsi d'être qualifiés d'anarchiques et de rétrogrades, puisqu'ils s'accordent à demander aux lois les solutions réservées aux mœurs. » Le parlementarisme, le socialisme, la guerre, le bolche- visme, la ploutocratie affameuse, toutes les calamités de l'anarchie ne sont que les conséquences de ce principe révolutionnaire généralisé.

Après le libertinage de croyance et de conduite, nous assistons au débordementdu libertinage social.

Sans doute, chaque classe de la société aspire à un certain ordre; mais en voulant maintenir dans l'État la part de désordre dont elle profite directe- ment. De là, l'importance qu'ont prise depuis un demi-siècle les coteries, les partis, les syndicats. Bientôt, il n'y aura plus d'organisés que les convoi- tises, les cupidités et les antagonismes.