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120 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

lectuel » ; cela ne veut pas dire u intelligent », pro- nonçait-il, — et encore moins gens-de-lettres.

De i83o à 1848, très régulièrement, il fit un cours d'astronomie populaire, et son Traité d'astronomie populaire est un modèle d'exposition lucide et phi- losophique. Il y consacrait trois ou quatre heures, chaque dimanche, et ces séances étaient suivies par des centaines d'auditeurs, dont beaucoup d'ou- vriers comme Fabien Magnin, Fili, Piéton, qui de- vinrent ses plus compréhensifs disciples et res- tèrent fidèles par delà la mort, puisque les tombes de quelques-uns d'entre eux sont venues se grouper autour de la sienne, au Père-Lachaise.

Il montrait l'enchaînement des conceptions astro- nomiques et combien chacun de leur développement modifia les idées, les sentiments, les croyances, et par là les institutions. Il indiquait ensuite que la po- sitivité à laquelle est enfin parvenue l'étude de notre système solaire soustrait celui-ci, malgré ses imper- fections, définitivement, aux volontés arbitraires. De même en sera-t-il de notre système politique quand la sociologie disciplinera nos désirs.

La science sociale nous apprend que les institu- tions sont les produits du passé sur lequel nous ne pouvons rien. Comme le théologiste « droit divin » a été écarté, même par les néo-royalistes, la méta- physique « souveraineté populaire », éminemment perturbatrice, le sera également. Le social sera soustrait enfin aux volontés arbitraires. Aux droits antagoniques seront substitués les devoirs unifiants, comme le furent dans les autres sciences les lois aux causes. Si défectueux que nous apparaisse l'ordre social, il est le résultat du temps. Réellement, ce