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134 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

donc des procédés factices auxquels ont recours des gouvernements qui sont incapables de dominer, parce qu'ils en dépendent, les ignorances aheurtées de la multitude comme les convoitises insatiables de la haute banque.

Mais il n'est pas de topique en thérapeutique so- ciale. Si énergique qu'il paraisse, aucun traitement local n'est opérant. Presque toujours, en palliant les effets, on avive les causes. Un mal social ne sau- rait être isolé de l'état général, et surtout celui du cœur et de la tête. Avant toute chose, il faut un mi- nimum d'ordre.

Le parlementarisme fut toujours le plus virulent ferment de dissociation et de guerre civile. Celui de la Société des nations sera une soute aux poudres que surchaufferont toutes les passions ethniques. Et de vieux plénipotentiaires quasi aveugles y promèneront les torches d'une éloquence étince- lante !

La législation nationale pouvait n'être encore qu'une codification, plus ou moins fidèle, des coutu- mes organiques. Si les opinions et les mœurs seules inspirent, dirigent et règlent l'activité vraiment sociale, il y aura toujours un résidu d'atavisme, d'animalité, qui reparaîtra, qui exigera l'interven- tion du temporel. Celui-ci pourra être réduit au minimum ; mais la discipline spontanée, la pres- sion morale, résultats d'une lente éducation, systématisée, ne dispenseront jamais entièrement d'un recours à la répression de police.

La légifération n'est absurde que par sa propen- sion à tout régir, à fixer automatiquement chaque mouvement de la vie sociale. Et surtout quand elle