Page:Deherme - Aux jeunes gens.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

138 UN MAÎTRE I AUGUSTE COMTE

La Déclaration des droits de l'homme, ai-je dit ailleurs, est la Somme des erreurs humaines. Toutes les calamités qui nous accablent en sont le lourd tribut.

Sans la société, l'homme n'existe que comme ani- mal. Le postulat de l'individualisme égocentrique est Terreur fondamentale.

Mais 'si l'anarchie est spontanée, le social est un produit de la culture, de l'organisation. Ne serait-ce que pour préserver, éviter toute récurrence fâcheuse, il faut un organe coordonnateur et directeur.

« Aucune fonction, même vitale, et surtout sociale, dit Comte, ne pouvant bien s'accomplir que d'après un organe propre, le moindre concours humain exige donc une force spécialement destinée à y ramener aux vues et aux sentiments d'ensemble des agents qui tendent toujours à s'en écarter. Elle doit sans cesse contenir leurs divergences et développer leurs convergences. D'une autre part, cette puissance indispensable surgit naturellement des inégalités que suscite toujours l'essor humain. »

Il est deux manières de gouverner : par la persua- sion ou par la contrainte. Comte fait remarquer qu'on ne gouverne par celle-ci que ce qui ne peut l'être par celle-là. Il va sans dire que le progrès con- siste à restreindre le temporel et à développer le spi- rituel. Mais la démocratie n'est pas dans cette voie ascendante. « Tous voulant aujourd'hui commander, dit Comte, et pouvant souvent espérer d'y parvenir, chacun n'obéit ordinairement qu'à la force, sans céder presque jamais par raison ou par amour. »

Pour nos réformateurs du jour, organiser, c'est légiférer ou imposer des dispositifs mécaniques qui