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140 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

par la discussion oratoire : voilà tout le suffrage uni- versel et le parlementarisme. Pas de système plus absurde et plus anarchique. Nous n'avons pu y être amenés que par la plus vicieuse méthode de l'idéolo- gie délétère, qui consiste à subordonner l'ensemble au détail et le but aux moyens.

L'antidote, la guérison, le salut du monde, c'est donc le positivisme.

Délaissant les disputes aussi vaines que nocives, de tous les partis, sur l'origine et la possession des pouvoirs de commandement, il se borne à étudier et à enseigner les règles de leur plus sage application. Or, ce qui peut le mieux commander, c'est une tête : ce qui peut le mieux gérer l'intérêt général, c'est un organe indépendant des intérêts particuliers.

Pour gouverner vraiment, un gouvernement doit être : responsable, c'est-à-dire nominatif; efficace, c'est-à-dire stable ; dictatorial, c'est-à-dire concentré. Toute décision émane toujours d'un seul. « Une assemblée, dit Pierre Laffitte, ne peut jamais, par elle-même, organiser une direction... Les situations posent les problèmes sociaux, mais la solution en appartient toujours à un organe individuel, quoi qu'en disent de vagues penseurs humanitaires. »

La démocratie temporelle est d'abord un ignoble mensonge. Ce n'est jamais une collectivité qui gou- verne. Derrière, il y a toujours une dictature qui, pour être anonyme, n'en est pas moins effective, encore qu'elle soit irresponsable et dispersée. Sicile n'assure aucun concours utile, elle détruit toute indépendance.

On accuse le positivisme de ne pas faire confiance au peuple. Qu'est-ce à dire? Qu'est-ce que le peuple ?