Page:Deherme - Aux jeunes gens.djvu/22

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tO UN MAÎTRE ! AUGUSTE COMTE

délibérément à cette mission. Son triste mariage, sa folie, ses crises nerveuses, son indigence, les persé- cutions moins amères que les trahisons, ce sont les pas de son calvaire. Tout étant nécessaire, tout est accepté. Et nous verrons même que tout est utilisé.

IV Son inflexible volonté.

L'énergie du caractère n'est pas moins extraordi- naire que l'ampleur des facultés cérébrales. Son bio- graphe J. Longchampt, qui l'avait approché, nous apprend qu'au lycée l'enfant « sut conserver une contenance impassible durant la longue et doulou- reuse opération que lui fit le chirurgien Delpech, pour enlever une tumeur au cou. Le jeune Comte ne voulut pas qu'on lui attachât ni qu'on lui tînt les mains ; il supporta avec la fermeté du stoïcien cette rude épreuve, sans faire un mouvement, sans laisser échapper une plainte ».

A quinze ans, il a parcouru le cycle des études se- condaires et il remplace dans ses fonctions le pro- fesseur de mathématiques Daniel Encontre, malade. Avant dix-sept ans, ayant obtenu une dispense d'âge, il est admis à l'École polytechnique, le premier de la liste Francceur, le quatrième de la liste générale. D'aspect enfantin et maladif, le plus jeune de tous, « il passe parmi ses condisciples pour avoir déjà la raison et la maturité d'un homme ». Il est regardé, dit J. Bertrand, « comme la plus forte tête delà pro- motion ».