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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 11

Prenant toujours ses responsabilités, il est licen- cié de l'École, en 1816, pour s'être mis en évidence au cours d'une manifestation d'élèves contre un ré- pétiteur indésirable. A Montpellier et à Paris, il poursuit ses études encyclopédiques tout en ayant à gagner son pain. 11 donne des leçons de mathéma- tiques à 2 fr. ; puis, en août 1817, il rencontre Saint- Simon et devient son secrétaire pour 3oo francs par mois. Plus tard enfin, il sera professeur à l'institu- tion Laville, répétiteur et examinateur à l'École po- lytechnique. Mais, dans cette brève période de six années où il ne fut pas talonné parles besoins immé- diats, il ne disposera pas de vingt jours consécutifs à consacrer au repos, « à la poursuite exclusive de ses travaux philosophiques ».

Les conditions morales dans lesquelles il effectue ces travaux ne sont pas meilleures.

En mai 1821, un jour de fête officielle, aux gale- ries de bois du Palais-Royal, il rencontre Caroline Massin. En mars 1824, il cohabite avec elle ; et il l'épouse en février 1825. Neuf mois après, il s'épan- chera ainsi auprès de Valat : « Tu me crois heureux, eh bien ! je ne souhaiterais pas ce bonhetir à mon plus grand ennemi. » Et beaucoup plus tard, à Littré qu'il connaît depuis 1840, il écrira : « Pendant dix- sept ans de cohabitation, j'ai souvent conçu ainsi des pensées de suicide auxquelles j'aurais probable- ment succombé, si la profonde amertume de ma si- tuation domestique n'eût été surmontée par le sen- timent croissant de ma mission sociale. »

Un des psychologues les plus pénétrants de ce temps, le docteur Ch. Fiessinger notait récemment: « Jamais un rôle trop vaste ne sera accordé à Tin-