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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 2o

« un véritable réquisitoire écrit contre le maître sous l'inspiration de sa femme ». Ainsi donc, c'est Littré qui subissait alors une suggestion féminine dont la nature n'a pu être définie. Son cas offre quelque similitude, hormis le « clou d'or » peut-être, avec celui de Sainte-Beuve dans ses rapports avec Mme V. Hugo. Au contraire, s'il perpétue son chaste amour pour Clotilde, Comte ne subit que l'ascen- dant des vertus exaltantes dont il l'a parée.

Littré s'est abaissé jusqu'au mensonge flagrant. Le motif de la scission n'est pas celui qu'il avance. Et il le sait bien. Il suffît pour s'en convaincre de se reporter à la date : fin i85i. Clotilde est morte depuis plus de cinq ans. Le Discours sur l'ensemble du positivisme, préambule du Système de politique positive, a paru en 1848. Depuis 18^9, dans une des salles du Palais-Royal, Comte expose publiquement les postulats de la religion de l'humanité, et Littré a suivi son maître jusque-là. Alors?...

Il reste ceci. Quoique -positiviste, l'ancien rédac- teur du National a conservé ses relations avec les po- liticiens de sociétés secrètes. Il est franc-maçon en outre, et d'instinct négativiste et révolutionnaire. Or Comte approuve le Coup d'État. Si la République fut belle sous l'Empire, ne doutons point que la dic- tatirre de Napoléon paraissait acceptable dans le gâchis démagogique de la République de février- juin 1848. Comte était républicain, — et c'est pour- quoi l'année suivante il condamna le plébiscite, — mais il n'attachait d'importance qu'à la restauration spirituelle qui ne peut s'effectuer que dans le mini- mum d'ordre temporel qu'impose et garde une dic- tature. De plus, parmi ses disciples, il comptait Vieil-

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