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26 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

lard, qui avait été précepteur du prince Louis-Napo- léon. Quoique républicain, Vieillard fut nommé sé- nateur. Par ce truchement. Comte espérait obtenir du « premier mamamouchi », à tout le moins la li- berté spirituelle. Proudhon était dans des disposi- tions analogues, qui allait publier, au scandale des démocrates ahuris, la Révolution sociale démontrée par le Coup d'État.

Voilà comment se fit la scission. Si la cause n'en fut pas uniment erotique, elle n'eut, comme on le voit, rien de philosophique.

VII Comte et Saint-Simon.

Un camarade de Comte, ayant cru voir quelque concordance dans ses opinions avec celles de Saint- Simon, le présente à celui-ci en août 1817. A dix- neuf ans, Comte ne saurait avoir l'expérience pra- tique de Saint-Simon. Mais il est déjà pourvu d'une préparation théorique bien supérieure. Certes, le comte Henri de Saint-Simon, qui se targuait d'être un descendant de Charlemagne, n'a rien de banal. A 67 ans, il a fait tout les métiers, — même honnêtes; il a traversé toutes les couches sociales, il a touché à tout, et cette intelligence brillante mais chaoiique ne laisse pas, parfois, de projeter des éclairs. En fallait-il plus pour fasciner un provincial novice, absorbé dans ses contemplations, et qui a pourtant le sentiment de sa valeur ? On comprend que, dans