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28 ON MAITRE : AUGUSTE COMTE

D'ailleurs, dès 1818, Comte souligne ces diver- gences, et d'abord sur ce point fondamental : Saint-Simon fait passer la réorganisation tempo- relle avant la spirituelle, à laquelle il eût été bien incapable de présider. C'est encore la distinction capitale du saint-simonisme, de toutes les théories réformatrices plus ou moins socialistes qui en pro- viennent et du positivisme.

Dans tous les travaux en collaboration que Saint-Si- mon ose publier sous son seul nom,' A. Comte dé- signe à son ami Valat ce qui est de sa façon et de celle de son patron, et le rigoureux scrupule de Comte à cet égard est indéniable. Malgré ses ran- cunes, Mme Comte disait à Littré que, dans les dis- cussions, c'est le soi-disant « élève » qui enseignait l'autre»

Nous savons donc, pertinemment, que le troisième volume de V Industrie est bien de Saint-Simon. Comte n'a fait que tenir la plume. Aussi a-t-il classé ce volume parmi « ses productions artificielles » et ne l'a-t-il pas fait réimprimer. Néanmoins, il y a inséré de sa pensée, ne serait-ce que l'axiome : « Tout est re- latif, voilà le seul principe absolu. » C'est là le fon- dement de sa construction. Dès lors, il se met en dehors du rationalisme métaphysique, et donc de Saint-Simon.

Cette rencontre a-t-elle aiguillé le fondateur de la sociologie vers les études sociales? Celui-ci cite Hume, Diderot, Condorcet parmi ses inspirateurs, puis de Bonald et J. de Maistre, etc.. Si Saint-Si- mon y fut pour quelque part infime, c'est comme ancien élève de d'Alembert et représentant des ency- clopédistes.