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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 29

Au surplus, Comte n'avait trouvé que la route qu'il cherchait. Tout le portait en ce sens. Pendant les Cent jours, le jeune polytechnicien avait crié : «Vive l'Empereur! » imaginant, comme il disait, que « le séjour philosophique à File d'Elbe » avait rendu Bonaparte républicain et libéral. En juin 1816, après son expulsion de l'Ecole, il avait écrit un re- cueil politico-social sous ce titre : Rapprochement entre le régime de 1798 et celui de 1816 adressé au peuple français.

Il convient donc de s'en rapporter à Comte lui- même quand il dit : « Ma direction à la fois philoso- phique et sociale fut irrévocablement déterminée, en mai 1822, par le troisième opuscule où surgit ma découverte fondamentale des lois sociologiques. » Or c'est cet ouvrage qu'il certifie à Valat être « en- tièrement pur de l'influence exercée sur moi par Saint-Simon ». Cependant, il fait part à Gustave d'Eichtal que, depuis 1819, il n'a « plus rien à apprendre de Saint-Simon ». On peut l'en croire, en passant sur tout ce que Saint-Simon, qui se donnait cyniquement comme trafiquant d'idées, a pu prendre de lui (1). Et d'autant mieux qu'il y a encore cette raison péremptoire qu'un Comte n'eût pas voué son existence et accompli son formidable labeur pour développer des principes qui n'eussent pas eu leurs racines dans les profondeurs de son être. On ne construit pas une doctrine sur un plan qu'on n'a pas

(1) Saint-Simon représentait les deux parties de sa vie « comme respectivement consacrées à l'achat et à la vente des idées ». Voilà sans doute ce qui devait attirer beau- coup de Juifs de ce côté, et présentement certains intellec- tuels.