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32 UN MAITRE : AUGUSTE COMTE

l'esprit et de la civilisation humaine contre le raz de marée dévastateur du matérialisme, de la violence et de la barbarie.

VIII Du style de Comte.

Des braves gens qui ne veulent pas s'avouer qu'ils furent rebutés par des généralisations inaccessibles pour eux ; des littérateurs comme Gustave Flau- bert qui, dans son « gueuloir » n'hésitait point à sacrifier le sens à une sonorité (1); ou encore les spécialistes et les médiocres, macaques qui se nourrissent d'épouiller les lions : voilà ceux qui, sans plus d'imagination, incriminent dans les écrits de Comte l'obscurité des phrases, la lourdeur des ad- verbes répétés, ou encore le ridicule de certaines tournures.

Voici un exemple de ces critiques, parmi les plus modérées et les moins niaises : « Le style de Comte, dit un universitaire, c'est celui d'un homme qui pense par masses, par ensembles et qui, sur les points les plus particuliers, veut toujours être systé- matique ; c'est assez dire qu'il est rarement vivant. » Autant dire qu'il lui fallait un style qui fût antino- mique à son esprit, et à la mode du jour, et norma- lien.

(I) C'est là un cas typique de l'imbécile subversion de valeurs du but et des moyens qui se traduit chez les gens de lettres et les tribuns par le prédominant souci morbide de l'expression.