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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 33

En vérité, il n'y eut jamais de style plus synthé- tique et donc mieux adapté à la pensée la plusgéné- ralisatrice, coordonnatrice et synthétique qui ait été jamais, qui est tout ce que peut contenir le cerveau, non pas seulement d'un homme de génie, mais de l'humanité éternelle. « Pas une phrase qui n'ajoute une idée », dira Stuart Mill. Pas d'oeuvre qui soit plus compréhensive. On ne conteste plus sa parfaite unité : N'est-ce pas la beauté même? Telle formule donne par sa condensation le frisson sacré des immenses perspectives de l'intelligence humaine. Telle page est un chant de gloire, et de ce pur accent que seules peuvent rendre les conquêtes pacifiques de l'intelligence.

Certes, il faut consentir un effort, il faut des dis- positions, une sorte d'état de grâce socialisante. « Il n'y a point de méthode facile, disait J. de Maistre, pour apprendre les choses difficiles. » Un simple porteur de journaux, dévoué éducateur populaire et auteur d'un ingénieux traité de calcul mental, m'écrivait dernièrement : « Je lis les écrits de Comte sur les mathématiques. J'y trouve bien des choses que j'avais pensées sans les trouver dans aucun traité. Je ne comprends pas ceux qui trouvent obscur le styie de Comte; je n'ai jamais vu rien de plus clair et de plus précis. C'est précisément en suivant la méthode qu'il préconise, c'est-à-dire en remon- tant toujours d'une abstraction au fait physique dont elle dérive que j'ai fait quelques petites trou- vailles sur lesquelles j'ai basé mon traité. »

Comte avait au suprême degré le don de la clari- fication. On s'en aperçoit si l'on tente de refaire une de ses phrases. C'est pourquoi il fut un profes-